La psychologie a t-elle un avenir ?

par Heïdhi
Françoise Parot, Historienne en psychologie.

Voilà une grande question, qui m’intéresse déjà depuis mon cursus de licence. 

Et qui m’anime encore plus intensément aujourd’hui en doctorat. 

Je suis tombée sur la conférence de Françoise Parot, historienne en psychologie lorsque j’étais en deuxième année de licence, il me semble.

Ces propos datent de 2000, mais pour moi, ils semblent pourtant sonner comme une évidence aujourd’hui. Et notamment dans le cadre de ma thèse dans laquelle j’étudie les « listes de psychologues « safe,racisés ».

Madame Parot, me semble être l’une des pionnières sur ces thématique. Tout autant d’ailleurs que la psychologue et psychothérapeute : Françoise Sironi, qui alertait elle aussi en 2003 sur l’importance de prendre garde à la toute puissance théorique. Á travers le concept de « maltraitance théorique », indiquant que les discours des sciences et de la psychologie pouvaient générer des impacts néfastes.

Françoise Parot, lors de cette conférence alerte et s’inquiète sur un phénomène qu’elle nomme: « la soumission de la psychologie (science de l’homme) » au profit des sciences de la nature. 

À travers, cette conférence que je trouve d’une immense profondeur et qui résonne pour moi, comme un appel urgent à se questionner sur les fondements épistémologiques de la psychologie et de nos pratiques. 

En effet, il y a maintenant 22 ans, Françoise Parot, nous alertait déjà sur le discours souvent naturalisant de la psychologie et sur la possible disparition de la prise en compte de la pensée symbolique dans le fonctionnement humain. Elle évoque les dérives que peuvent aussi produire les discours de la psychologie sur la société. Elle était visionnaire.

En effet, elle indique à 12 minutes 02 :  » (propos légèrement reformulé) :  « Comment dédouaner les sciences humaines de leur influence sur le réel qu’elles étudient ? Est-ce qu’en partie elle ne crée pas ce réel de toute pièce ? Tous les discours s’adressent aux humains. Les humains entendent les discours sur eux-mêmes, comment penser que ces discours…. restent sans effet ? Qui se préoccupe des effets de ces discours neutralisants ? Qui ? D’autres psychologues, d’un genre différent…. ».

Françoise Parot

Ainsi, cette conférence est un écho profond à une psychologie qui aurait, j’ai l’impression (et cela n’engage que moi) perdue, oublié sa fonction originelle.

C’est-à-dire celle d’HUMANISER.

Car comme le dit Françoise Parot et je clôturerai mes propos à travers ces deux citations : 

(ces psychologues cliniciens) : « Ils ont une fonction, un devoir, ils doivent donner un sens à ces mots, à cette souffrance, c’est-à-dire l’intégrer dans une histoire personnelle ou collective, calmer en humanisant, en faisant sortir de l’isolement, à l’intérieur. Ils doivent influencer avec des mots, pas seulement des mots, dans le cadre aussi de certains rites attendus de chacun, rites faits de gestes, de regards, de postures ; cette psychologie-là est une pratique rituelle, et efficace, forcément efficace, comme les autres. » 

FRANCOISE PAROT, Historienne en psychologie

Mais la citation qui reste selon moi la plus profonde et qui depuis sept ans maintenant anime mes réflexions de psychologue et de chercheuse est celle-ci : 

« De l’homme en général, des hommes, ces psys de la rue doivent, pour bien faire, avoir une grande expérience, avoir le sens de l’humain, c’est ce qu’on attend d’eux. « Pour juger d’un homme, disait Montaigne, il faut suivre longuement et curieusement sa trace. » Or il n’y a rien de plus divers, de plus complexe que les hommes, et la traque est pleine de surprises. Comment acquérir ce savoir , cette science de l’humain ? Descartes, dans les Méditations, y insistait : pas de science si Dieu est un malin génie et s’amuse à changer le monde tous les matins : si la Nature change de lois dès que Dieu fait un caprice, les physiciens n’arriveront à aucune vérité universelle. Eh bien, avec l’homme, malheureusement pour les psychologues, Dieu a mis de la malice ; car d’une époque à l’autre, d’un lieu à l’autre, les hommes ont changé, changent sous nos yeux. Autrement dit, pas de nature humaine aux lois immuables ; comme le disaient Elias, Vernant ou Ignace Meyerson, nous n’avons pas une mémoire, une conscience ou un inconscient, une intelligence comme nous avons un estomac, un cœur ou une jambe. Ce qui est proprement humain, avec quoi les praticiens doivent faire et que les psychologues de laboratoire oublient, c’est cette faculté de symbolisation perpétuelle qui double le monde des choses, le monde réel, avec des mots et du symbolique ; il est peut-être vain d’en chercher les caractéristiques naturelles, parce que précisément ce qui est humain en l’homme, la culture, l’esprit, la symbolisation, ce n’est pas naturel. « 

Francoise parot , Historienne en psychologi

Vous souhaitant un agréable visionnage de cette conférence et n’hésitez pas à me faire part de vos remarques, commentaires et observations. 

Au plaisir. 

Pour accéder à la conférence, cliquez sur la photo ci-dessous.

(La vidéo s’ouvrira dans un nouvel onglet.)

LA PSYCHOLOGIE : LES CONDITIONS DE LA SURVIE. Françoise Parot, historienne en psychologie.

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

Laisser un commentaire

* En utilisant ce formulaire, vous acceptez le stockage et la gestion de vos données par ce site.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.